Où notre héros ne retrouve plus rien — où il décide de ranger son fourbi — où il découvre la friction et la règle des 2 secondes — où il chante "comme d'habitude"
Je ne sais pas vous, mais moi j'ai des fichiers un peu partout sur mon Mac. Y'en a dans `Mes Documents`, j'ai un dossier que j'ai appelé `Projets`, un autre encore `Work`; et, ah tiens, encore un `projet`, sans `s` et en minuscules, dans Dropbox ...
Du coup, je ne retrouve jamais rien, je ne sais jamais ou ranger quoi que ce soit, et la bête immonde montre sa tête: la friction.
Prélude
C'est quoi la friction?
Les podbloggers anglophiles utilisent le mot "friction" pour désigner tout ce qui fait grain de sable dans la mécanique huilée de leur processus infiniment efficaces. (*) Si tu passes un quart de pouillème de seconde à douter de l'action suivante, c'est que tu as de la friction dans ton process.
Crois-le ou pas, auguste lecteur, mais il y a tout un champ de discussion quasi philosophique sur le concept. Je crois même qu'il y des thèses des doctorat.
La friction, c'est mal?
Ça dépend.
Si tu veux te remettre de 8 heures de ski dans la Vanoise, la friction au Synthol, c'est bien.
Si tu veux surtout ne pas perdre cette idée fugace que tu viens d'avoir, mais qui n'a rien à voir avec le powerpoint que tu es en train d'écrire sur *Les démarches administratives en Abyssinie Orientale sous Sardanapale 2*, c'est mal.
Comment on la mesure, la friction?
En général, les systèmes de productivité[ont des règles de timing qui te permettent de rythmer ton activité et de mesurer ta performance. Tout ce qui te fais perdre ton rythme, c'est de la friction.
J'aime bien la règle des 2 secondes de Luc Beaudoin (le créateur de Hook dont je t'ai déjà parlé): il faut être capable de trouver une resource, une note, un objet lié à ton activité actuelle dans les deux secondes. Sinon, tu perds le fil de ce que tu fais. Son bouquin Cognitive Productivity a toute une partie théorique sur les mécanismes mentaux qui s'appliquent.
Par où commencer?
On va donc se donner pour fil conducteur immédiat d'organiser notre bazar ambient afin de tout avoir à portée de click en 2 secondes [^ Non je sais, c'est pas gagné]
Notre objectif:
faire simple et mémorisable
regrouper les choses dans un ~~seul~~ minimum d'endroits
s'astreindre à utiliser notre système régulièrement pour le mémoriser
Et un système, un!
On reconnait les anciens consultants à leur arborescence de fichiers standardisées qui commencent par un code à deux chiffres, de 00 - suivi de projet
à 99 - facturation et administration
...
Mais aujourd'hui, entre Dropbox, OneDrive, les trucs qu'on laisse dans sa boîte mail, les vidéos youtube et les bases de données propriétaires, les documents sont ventilés, explosés façon puzzle.
En parallèle, on peut tout retrouver sur sa machine et sur le web en deux coups de clavier (Alfred], Launchbar, HoudahSpot et Spotlight sont tes amis); mais bizarrement, sans structure, ça à juste tendance à exacerber l’explosion.
Le problème est donc: comment créer architecture unique, mémorable (2 second rule), utile et flexible?
Étonnamment, il n'y a pas grand chose dans la littérature pléthorique. Personne n'a inventé le système magique infaillible. - et il est à peu près sûr que moi non plus.
Pourtant il faut bien commencer quelque part. Je vais me donner quelques contraintes:
deux niveaux d'arborescence max pour trouver un projet (sachant que ici, un projet = un truc qui a un livrable)
dans chaque dossier, une liste de liens vers tous les éléments "ailleurs" (mails, liens web, base de données, sharepoint ...)
pas de dossiers "inactifs" — ils sont archivé sur un disque séparé
pas de dossiers "de référence" (papiers administratifs etc)[^ Ça, ça vit dans DEVONthink]
Pour l'instant, ça donne ça:
Documents
|_Projets
|_perso
| |_proj1
| |_proj2
| |_proj3
|
|_wrk
|_wproj1
|_wproj2
|_wproj3
Rien de révolutionnaire, donc, sauf dans la contrainte d'activité / non référence. J’espère, si je me tiens à une hygiène de jardinage assez stricte, que cette arbre ne crouleras pas derrière les fichiers morts dans les 2 semaines.
Les habitudes se prennent sur la durée
Un dernier poncif des *prodcasteurs*: "la force de l'habitude se construit dans la durée" (dans ce domaine là, pléthore d'applis et de méthodes: Productive, Done, Streaks)
Même si c’est un truisme, ce n'est pas complètement idiot — je vais donc m'astreindre à beaucoup d'attention et d'intentionalité dans les jours qui viennent, afin de:
valider la liste de "projets"
rendre automatique le réflexe de tout ranger au même endroit
arriver à focaliser mon attention sur un sujet à la fois
À dans quelques jours…
On en a fait pas mal pour aujourd'hui. Samedi prochain, on fait le point pour savoir si j'arrive à m'y coller, et pour entamer la prochaine étape: comment se téléporter dans son ordinateur.
L’utilisateur de 00 a 99 pour les dossiers a beaucoup apprécié ton article 😉
Je suis 400% d’accord avec ton analyse
J’ai eu l’occasion de mettre en pratique au sein de 4 réseaux différents... exactement la même structure pour tout le monde. Et.... bizarrement ça marche !
Flemme des uns , discipline des autres ?
Bref ta règle des 2 niveaux s’applique et j’ai juste standardisé le premier niveau avec 7 (nombre magique maximum) dossiers
Idem pour le contenu du mail, qui suit exactement la même logique : vote classé, vite retrouvé ... et Spotlight s’occupe du reste !
FG